Je n’ai jamais été une grande fan du quotidien répétitif et les gens autour de moi le savent bien. C’est entre autres pour cette raison que mon beau-père, qui travaille dans le domaine maritime depuis plusieurs années, m’a proposé de postuler comme débardeuse au Port de Trois-Rivières.
Au début, j’y suis allée occasionnellement lorsqu’il y avait des besoins supplémentaires de main-d’oeuvre, comme pendant le temps des Fêtes. Avec le temps et en cumulant de l’expérience, j’ai réalisé que cet emploi me plaisait beaucoup et que j’avais envie de l’intégrer à mon mode de vie pour en faire mon métier.
Parce qu’on ne se le cachera pas, manoeuvrer un chariot élévateur pour charger et décharger un navire, pelleter les cales du navire lorsqu’un produit s’y accumule, poser des 2x4 entre les piles de poutres d’acier et effectuer l’inventaire d’une cargaison, c’est demandant physiquement et ce n’est pas fait pour tout le monde. Mais c’est définitivement fait pour moi.
C’est ce qui me permet de me lever à 6h15 pour mes shifts de jour, légèrement fatiguée, mais motivée à démarrer ma journée et aller retrouver mes collègues, qui sont devenus mes amis. Un arrêt au Tim Hortons entre Lavaltrie et Trois-Rivières est presque obligatoire pour me donner l’énergie dont j’ai besoin!
Mon horaire, qui m’est confirmé la veille par texto, est habituellement de 8h à 16h et de 17h à 21h, comme c’est le cas aujourd’hui. Les journées de 12h sont très fréquentes dans ce type d’emploi. Il m'arrive aussi parfois de travailler de nuit. Ce que j'aime le plus faire, c'est d'assurer la santé et sécurité sur les lieux de travail ainsi que les tâches de « floorman » et de « checker », qui varient à chaque jour.
En gros, le/la « floorman » s’occupe de toute la marchandise qui sort du navire pour en faire l’inventaire et le/la « checker » s’occupe de tout l’inventaire qui doit être envoyé spécifiquement à chaque compagnie. Il y a aussi évidemment plusieurs autres rôles à occuper en tant que débardeur au port, selon nos préférences et spécialités : vérificateur, opérateur de grue, conducteur de machinerie lourde et j’en passe.
Quand j’arrive au port, je mets mes bottes, mon dossard, mes lunettes de sécurité et mon casque, puis je vais jaser avec mes collègues. Il y a toujours place à des divergences d’opinion dans nos commentaires et c’est habituellement agréable et respectueux. Dans ce métier, c’est important d’aimer l’esprit de gang et d’avoir un bon sens d’autodérision. Le sens de la répartie ne peut assurément pas nuire non plus!
Sinon, ma journée est comme toujours bien remplie et je ne vois presque pas le temps passer, à force de transporter la marchandise, bien installée sur mon chariot élévateur. Être débardeuse, c’est quand même exigeant et ça prend définitivement une bonne forme physique et mentale, tout en ayant à s’adapter à des horaires très variables.
Lorsque j’ai terminé mon quart, j’adore enlever mes bottes de travail et enfiler mes souliers ou mes sandales : la sensation de liberté est indescriptible! Sur le chemin du retour, j’écoute la radio en me vidant la tête des choses qui se sont passées durant la journée, question de me libérer l’esprit avant d’arriver à la maison.
À la fin de ma journée, je sens définitivement la fatigue s’emparer de moi, mais j’ai habituellement le sentiment du devoir accompli et ça me fait sentir bien. Chaque journée est différente et cette absence de routine me plait beaucoup. Dur de battre une belle journée passée à l’extérieur à travailler de ses mains!
